Retour sur 3 ans de restauration à Notre-Dame de Paris :

Notre atelier s’est associé en groupement avec l’atelier ARCOA et l’atelier Meriguet.

Après un partage des tâches, nous sommes intervenus sur la clôture nord du chœur ainsi que sur la chapelle Saint-Jean l'Évangéliste.

La clôture nord est l’une des parties les plus anciennes de la cathédrale. Elle a été réalisée entre 1300 et 1318 environ par Pierre de Chelles.

Son iconographie illustre quatorze scènes sculptées, historiées, en haut-relief, de la Vie de Jésus, de son enfance à sa Passion. Les sculptures sont caractéristiques de la tradition du XIIIe siècle : souci de réalisme dans l'expression des visages, volonté d’analyser les sentiments, silhouettes élancées, yeux en amande...

L’impact de l’incendie était moindre que pour la nef et la croisée du chœur.
L’apport d’eau par les pompiers a cependant accentué l’apparition de soulèvements des parties dorées (brocards appliqués) en fond des personnages.

L’empoussièrement et l’encrassement étaient aggravés par les poussières de plomb pulvérisées lors de l’incendie.

Notre première mission a été de neutraliser le plomb par un nettoyage approfondi des polychromies, ainsi que de refixer les dorures.

Avec le comité scientifique, Marie-Hélène Didier, conservateur général du patrimoine pour la DRAC Île-de-France, et l’architecte en chef des monuments historiques, Philippe Villeneuve, s’est ensuite posée la question du niveau d’intervention à réaliser sur les anciennes restaurations.

Depuis plus de 700 ans, de nombreuses campagnes successives de conservation ont eu lieu, l’une des dernières étant celle, assez interventionniste, d’Eugène Viollet-le-Duc.

L’objectif n’était pas de dérestaurer au risque de se retrouver face à une œuvre lacunaire et hétérogène.

La décision prise a été de retirer les restaurations les plus disgracieuses et d’harmoniser certains repeints par de petites retouches.

La sculpture était, dans son ensemble, en bon état de conservation. Quelques petits manques ont été reconstitués à l’aide de sable fin et de chaux, maintenus par des goujons en fibre de verre.

Au-delà de cette présentation très technique de nos interventions, ce chantier hors norme couronne 40 ans de passion, de partage, de rencontres, de succès, mais aussi de doutes et d’interrogations.

Je tiens ici à remercier Maud Pouliot, Mathilde Maire, Aude Massimi et Gabrielle Gouin pour leur collaboration, leur enthousiasme et leur professionnalisme.

Merci également à la maîtrise d’ouvrage et à la maîtrise d’œuvre pour leur écoute, leur bienveillance et pour la qualité de nos échanges.